(3) MACRON-TSIPRAS, MÊME DEBAT ? De quoi l’Amérique de Trump est-elle le tesson ?

La menace proférée par Donald Trump tout au long de sa campagne présidentielle, faire sortir les Etats-Unis de l’accord universel de Paris sur le climat, alimentait tantôt l’incrédulité – il n’osera pas –, tantôt l’effroi devant la catastrophe contenue dans l’annonce : effondrement du château de cartes contractuel construit sur le donnant-donnant et la concurrence des égoïsmes, explosion subséquente des émissions de carbone par une humanité incapable de s’unir pour survivre. Il osa. Et beaucoup estiment aujourd’hui que les perspectives de l’accord, même lesté d’un sérieux problème, en ressortent plutôt consolidées. Je reprends ici cette hypothèse, au moins à titre heuristique. Elle aide à poursuivre, dans ce troisième « épisode », l’enquête sur les conditions dans lesquelles l’action politique consciente peut être efficace, enquête engagée à partir du paradoxe qui conduit l’alternatif grec Alexis Tsipras et le social-libéral Emmanuel Macron à s’engager dans des logiques de soumission à l’ordre économique en dépit de programmes et de convictions contraires.

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L’annonce par Donald Trump qu’il retirait les USA des accords de Paris sur le climat s’est accompagnée d’étranges glissements de terrains. On a vu la convergence inédite entre des ensembles politiques très hétérogènes : l’Union européenne, terre-mère de l’empire occidental ; la République de l’Inde, qui connut une colonisation classique et brutale ; la République populaire de Chine, pays aujourd’hui nominativement communiste, régulièrement harponné durant les deux derniers siècles par des prédateurs extérieurs – guerre de l’opium, concessions occidentales, invasion japonaise – sans être jamais totalement assujetti. Comme si de rien n’était, ces trois puissances à l’organisation politique, aux fondations civilisationnelles et à l’histoire identitaire si différentes, ont ensemble renvoyé à sa gonflette carbonée le pays le plus riche et le plus armé de la planète, navire amiral de la domination occidentale et du capitalisme mondial. Il était frappant de constater combien, face à la prégnance de l’intérêt général climatique, la représentation du réel, le réel lui-même se recalaient, combien apparaissait « naturelle » cette rencontre inédite, post-impériale, post-moderne, combien elle était comme lavée par l’urgence des habituelles leçons de morale et de progrès toujours si pesantes dans les relations dites « Nord-Sud ». Une évidence jusque là brouillée s’imposait à l’occasion de cet événement paradoxal : une planète multipolaire polarisée au moins sur ce point par le souci de l’intérêt général était donc possible.

Dans le même mouvement, un autre étrange déplacement s’est opéré au cœur du pouvoir capitaliste. Plusieurs firmes américaines à l’extension planétaire, souvent liées à l’exploitation des énergies fossiles, ont récusé l’ouverture que Trump offrait au profit sans entrave et emboité le pas des puissances politiques déterminées à imposer des régulations écologiques. Ce faisant, elles ont concrètement renoncé à faire jouer leur immense pouvoir en faveur du pompage illimité et concrètement commencé à baisser la garde devant une évolution historique hostile à cette prédation. Cette fois encore, on ressentait comme spontanément que les pulsions velléitaires du président américain se heurtaient à des évidences plus fortes que ses coups de gueule en 140 signes. La décision de Trump a provoqué une vague planétaire de mépris, pas de découragement. Dans ce moment là et dans les affects qui l’ont entouré, on avait comme le sentiment de voir s’évaporer l’hégémonie occidentale ; l’économie, même capitaliste, ne semblait plus seulement mue par le poker boursier. Evénement localisé et contredit en bien d’autres espaces, mais auquel son enjeu universel confère une portée symbolique saisissante. Que s’est-il passé ? Par quelle magie deux pouvoirs considérables se réajustent positivement avec l’intérêt général planétaire, acceptent concrètement d’en rabattre sur le rêve moderniste (vs obsolète) de leur toute puissance ? De quelle grâce est majoritairement touchée l’opinion pour globalement enfourcher la vague, pour se délester momentanément, sur ce sujet, des aigreurs et des colères très justifiées que provoquent chez beaucoup les injustices vertigineuses dont notre monde est blessé, pour trouver simplement positif et encourageant ce déplacement des lignes.

Ebrouement planétaire

Sans qu’ait été utilisé le vocabulaire viril et guerrier qui a si souvent encombré les mouvements d’émancipation politique – luttes, bataille, stratégie, victoire… –, on a assisté là à un recul significatif, un recul vécu comme bienvenu de l’arrogance impériale et de la cupidité marchande. Des dispositions globalement guidées par la survie même de l’humanité, l’intérêt public au sens le plus large qu’on puisse lui donner, ont de fait écorné, raboté leur pouvoir, leur influence, leur force de conviction, et ont renvoyé dans les cordes l’image inquiétante et pathétique des rictus coiffés de jaune par lesquels « l’homme le plus puissant du monde » cherchaient à nous impressionner. Le patron d’ExxonMobil et Angela Merkel, le gouverneur de la Californie et le productivisme communiste chinois touchés par la grâce ? Nul doute que les subjectivités concernées ont elles aussi été modifiées par le souffle du réchauffement et les pollutions suffocantes. Mais c’est ailleurs, c’est au cœur de l’entrelacs que j’évoquais dans le premier texte de cette réflexion, qu’il faut aller chercher les énergies de cet ébrouement planétaire.

Pardon pour la subjectivité (le subjectivisme ?) qui hante cette première partie de mon propos. Difficile d’y échapper quand on évoque un phénomène qui s’apparente à un changement d’air, qui en a les clairs effets et dont les sources affleurant dans les contrées les plus diverses du politique et de l’intime forment un réseau bien complexe. D’ailleurs, où nidifient les remuements politiques si ce n’est dans le sentiment public ? En 1986, le nouveau parti des Verts compte trois adhérents dans tout le département de Seine-Saint-Denis. Les idées qu’il porte et qui le devancent ont par contre commencé à se disséminer à travers des pratiques hétéroclites parfois vécues comme folkloriques, baba cools, néo-chevriers de la Drôme ou de l’Ardèche, laboratoires scientifiques notant les signes encore ténus d’un possible dérèglement climatique, paysans antimilitaristes du Larzac, asthmatiques en colère, amis des médecines douces, pionniers du quinoa, voisins inquiets des centrales nucléaires, des épandeurs de boues rouges, des vrombissements aéroportuaires ou des nappes phréatiques phosphatées, André Dumont en grande voix pour oreilles distraites, et même quelques aspirants députés et ministres en herbe… Peu à peu, les « grands » partis engagés dans la course à la croissance, au pouvoir d’achat incluent l’enjeu écologique dans leurs programmes et leurs perspectives. Répercuté par des millions de consciences, des gestes du quotidien se modifient. De plus en plus nombreux sont ceux qui portent attention à « l’empreinte carbone » des biens consommés, se détournent des cerises en hiver et traduisent en automatismes quotidiens ces nouvelles exigences de solidarité avec les générations futures. Quelques régulations nouvelles sont instituées par les pouvoirs publics. Quelques publicités commerciales tirent argument des inquiétudes écologiques pour attirer le chaland vers des produits déclarés « verts ». Rien encore qui donne vraiment l’espoir d’une sanction écologique contraignant les maîtres de l’ordre public et du profit privé. L’arrivée des partis écologistes « au pouvoir » n’est pas à l’ordre du jour et d’ailleurs, les choses ne se passeront pas comme ça.

Puis le mouvement s’accélère, boosté par la précision croissante des données scientifiques, la multiplication des événements climatiques extrêmes, l’inquiétude rentrée des parents de plus en plus conscient du legs empoisonné dont hériteront leurs enfants, les causeries entre jeunes qui se savent premiers concernés et même une encyclique pontificale… Le danger du réchauffement et la conscience de devoir y répondre d’urgence commencent à se symboliser, à faire sens. Chacune des aimantations minuscules qui ont, sous les sourires ironiques, commencé à faire passer le courant a joué sa partition. D’abord cacophonique. S’alignant à tâtons, donnant peu à peu forme à la limaille qui se magnétisait en désordre, qui maintenant s’organise en volutes et impose sa force gravitationnelle jusqu’à fléchir des pouvoirs qu’on pensait (qui se pensaient) inflexibles.

Etait-ce prévisible ? Beaucoup l’espéraient et la multiplication des espérances est un bon indice. Mais un pli « moderne » de la pensée politique, qui réserve la puissance du changement aux décisions de l’Etat représentatif à l’occidentale, rendait difficile d’envisager autrement que comme une catastrophe la défection des USA, le plus gros des plus gros Etats représentatifs à l’occidentale. Si celui qui a « le » pouvoir décide d’empêcher la synergie anti-pollution, comment éviter le désastre ? Il fallut quelques jours pour que les éditorialistes alarmés et tonitruants se détendent, rejoignent le sentiment diffus que tout compte fait « ce n’était pas si grave », que l’auto-isolement des Etats-Unis, émoussé par les résistances intérieures à cette folie, constituait peut-être la goutte d’eau qui fait déborder le vase, permettant un saut qualitatif vers une approche planétaire assumée de l’urgence climatique, approche au contenu puissamment démocratique, non tant du fait des procédures, que de l’adéquation occasionnelle des engagements étatiques avec la demande et l’intérêt des peuples.

Le temps du paradoxe

Si l’hypothèse développée ici n’est pas complètement hors de propos, observons de près quelques caractéristiques de la séquence. Elle est tout d’abord paradoxale. La défection des USA, pollueur historique, devait provoquer un retour généralisé au chacun pour soi énergétique et désintégrer les accords de Paris. Paradoxe : c’est peut-être le contraire qui est en train de se passer. Le paradoxe est une crise du sens, un crise dans la stabilité du sens. Souvent vécu comme énervant, fatigant, égotique, inutilement encombrant dans les situations où les évidences sont régulièrement gavées par l’expérience, il ouvre au contraire les perspectives quand leur piédestal se fragmente. Dans les zones de stabilité idéologique, l’esprit paradoxal est au mieux un coupeur de cheveux en quatre, au pire un ennemi du peuple. Durant l’essentiel des deux siècles passés, l’évidence « progressiste » interdit globalement aux « modernes » du Nord de porter le soupçon contre un productivisme dont on attend à gauche l’accomplissement des désirs sociaux et à droite l’efficacité de la tombola du profit. Le désarroi de bien des peuples « indigènes » devant la prédation et la manipulation forcenée de la nature par leurs conquérants, leur réticence à endosser la brutalité de la propriété privée de droit romain sont mises au compte de leur arriération. Le vecteur de l’histoire unique garde sa ligne imperturbable. Jusqu’à la jonction contemporaine des lignées « indigènes » de pensée symbolique et les déductions les plus avancées de la science « moderne », les unes et les autres aboutissant par des voies différentes au vœu de rétablir une certaine empathie entre la nature, la volonté et l’action. Cette jonction elle-même inattendue fait partie des symptômes du changement de cycle et de rationalité. Les lignées symboliques et holistes de la pensée humaine en l’occurrence plus perspicaces que le rationalisme analytique ? Ebranlement de l’universel-contemporain impérial. Germination d’une attentive conversation des cultures. Le temps du paradoxe est mûr.

Resymbolisation

La Grèce antique nomme sumbolon (symbole) les tessons brisés d’une même poterie remis à des messagers pour qu’en les réunissant, il reconnaissent ceux avec qui ils ont affaire. Ces tessons sont l’image même du paradoxe. Tessons, débris, objets dépossédés de leur forme, de leur utilité, de leur capacité à être reconnus, nommés. Bris de sens. De quoi l’Amérique de Trump est-elle le tesson ? Quel lent séisme a peu à peu fissuré l’amphore impériale ? Par quelle bienheureuse maladresse celui qui parlait de la réparer en a-t-il au contraire rompu l’unité décrépite ? Et grâce à quelle incertaine rencontre le tesson tombé de ses mains ballantes se réajustera-t-il à d’autres pour construire une forme inédite qu’on pourra reconnaître et nommer ? Paradoxe et resymbolisation.

Emergence aléatoire

Signal paradoxal, appel à la resymbolisation, la séquence est également aléatoire. Il faut l’élection, sinon imprévisible, du moins inattendue du milliardaire populiste pour faire apparaître par contraste le visage de l’incontestable urgence. Un peu comme le hasard d’une pellicule photographique plongée en 1898 dans un bain de « révélateur » fait surgir dans le monde des évidences le visage christique que portait en négatif, devinée mais encore sibylline, la géniale imposture médiévale du suaire de Turin. Les modifications historiques profondes sont des possibles qu’on peut discerner avant qu’elles apparaissent, dont on peut éventuellement évaluer les probabilités, dont on suit rétrospectivement les généalogies, mais dont le moment et même la survenue sont imprédictibles. C’est d’ailleurs ce qui rend si illusoires et si décevantes les attentes portées par l’idéologie de l’Etat représentatif et par les programmes électoraux qu’elle enfante. On attend Tsipras en Hermès de la justice sociale, on l’a en Sisyphe de la dette.

Ni changements à valeur « universelle », ni recette imparable, ni basculement global. La cristallisation paradoxale des grandes (et petites) modifications historiques, leur survenue aléatoire se produit dans un monde de singularités, pour des êtres vivants sexués, qui marchent sur deux jambes et non six, qui souffrent du froid et jouissent des caresses, qui pour appréhender le monde usent de la raison et de la poésie, parlent des langues non-superposables, rêvent différemment. Pour que les humains se comprennent, il faut qu’ils s’expliquent. Chaque modification, chaque carrefour dans leurs histoires est un nœud constitué de fils aux couleurs, à la texture, aux matériaux singuliers. Ces nœuds peuvent ou non former entre eux des réseaux, s’en renforcer ou se défaire. Le smog à Pékin, l’irritation du maire de Pittsburg embarqué par surprise dans le climatocide de Trump, la montée des eaux aux Séchelles ou la nomination de Nicolas Hulot par un Macron à la campagne très climato-discrète investissent différemment des communautés humaines différentes. Même les accords mondiaux, qui se prennent entre ces communautés et leurs représentants, en sont singularisés, singularité des temps où ils sont pris, singularité, donc multiplicité des contenus possibles.

Confrontation à la limite

Enfin, les perspectives et l’action collectives sont conformées par l’inévitable confrontation à la limite et y prennent peut-être leur force. Comme le plongeur qui atteint le fond de la piscine et prend appui sur le carrelage infranchissable pour donner grâce et impulsion à son mouvement. Le vœu de l’émancipation humaine, qui est mon option politique, la tension vers une construction individuelle et collective débarrassée autant que possible des tutelles s’accomplit dans un jeu permanent avec les contraintes. Ni l’allongement de l’espérance de vie, ni la densité que peut prendre l’existence n’aboliront la mort, dont on peut aussi pourtant « s’émanciper » en partie, par exemple en lui donnant sens ou en éloignant par un travail spirituel (ou thérapeutique) la peur qui l’environne. Un jour, lorsque le soleil aura terminé sa mutation nucléaire d’hydrogène en hélium, il engloutira la Terre qui se dissoudra dans son feu déclinant. La conscience de cette fin sans appel met de la mélancolie dans nos perspectives, mais peut aussi constituer une incitation à prendre soin de notre présent.

Peux-t-on intervenir dans ces mouvements de fond aléatoires, singuliers, bordés de limites infranchissables et que signalent des paradoxes inattendus ? L’action politique consciente est-elle possible ?

L’ordre institué

Elle l’est incontestablement et sous la forme relativement classique et éprouvée de l’intervention collective sur les institutions. J’ai évoqué sous l’image malléable d’une poix l’ordre qui tient Tsipras et Macron et les contraint l’un et l’autre à des choix potentiellement proches, du fait de leur commune soumission, voulue ou non, aux « lois du marché ». C’est une façon d’évoquer le caractère mouvant, vivant de cet ordre, mais non d’en amoindrir la violence aujourd’hui si brutalement injuste, avilissante et tellement cruelle pour tant d’êtres humains. Les amis des alouettes abominent autant le piège à glu que la volée de plomb. Ce qui produit cet « ordre » est une stabilisation, une calcification momentanée des forces qui travaillent l’entrelacs, une « mise en ordre » des réactions qui s’y produisent. Dans le champ politique, cette stabilisation prend la forme et tire sa pérennité de son institutionnalisation. Les lois, les forces armées, les modes de propriété, les traités internationaux ou les accords de branche, les messages écrits, imagés ou pratiqués dans lesquels se formalisent les idéologies dominantes sont à la fois témoins et gardiens de la stabilisation qui produit l’ordre. En calcifiant cette stabilité occasionnelle, en en gravant le mode d’emploi, les institutions contribuent à sa fidèle reproduction. Mais cette relative rigidité la fragilise aussi. Pendant un siècle et demi après que la déclaration des droits de l’Homme a décrété l’égalité en droit, les institutions françaises écartent les femmes du suffrage. Il faut des textes, des textes durs, secs, des textes au masculin, pour barricader ce canton essentiel de la domination des mâles : « Sont électeurs tous les Français âgés de vingt et un ans » décrète en 1848 la Seconde République ; les Françaises n’y sont pas « français ». Mais l’entrelacs et le terreau qui le nourrit vivent néanmoins, déposent l’acide de l’égalité sur l’institution calcifiée. Des « zones libres » parfois tentent de s’établir : dans les années 1930, en dépit des lois, des municipalités communistes présentent des candidates aux élections ; le gouvernement de Front populaire comprend trois femmes ; la conduite de la Résistance n’est pas réservée aux mâles et des multitudes d’espaces sociaux expérimentent déjà l’égale implication des femmes… C’est la déstabilisation qui est aléatoire, c’est le moment, la situation où émergent les paradoxes qui l’annoncent et permettent de la resymboliser. Mais l’action politique qui conduit à briser la carapace calcifiée de l’ordre agonisant et à permettre l’exuviation du nouvel âge est une séquence nécessaire, pour ce qui concerne le vote féminin, l’action politique du Conseil national de la Résistance et du gouvernement de la Libération. Sur cette séquence, l’action politique consciente est possible, nécessaire, même dans les formes relativement classiques et instituées qu’elle a prise au cours des temps et au fil des différentes lignées civilisationnelles.

Cependant, l’action sur les institutions est un moment critique dans le mouvement de fond, mais elle n’est pas le mouvement de fond, elle ne peut faire son travail. Deuxième étage de la question : une action politique consciente sur le mouvement de fond est-elle possible ? Tel est l’objet du prochain épisode de cette réflexion.

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