Une fois de plus, je propose ici une traduction-adaptation d’un texte transmis en langue bamanan (Mali). Celui-ci a été dit par Mamadou Diarra, un membre de la confrérie donso (donso est communément traduit par chasseur). Annick Thoyer en a recueilli et transcrit la parole. Les Editions de l’Harmattan ont édité sous le titre « Récits épiques des chasseurs bamanan du Mali » ce texte et quelques autres. Livre précieux. Le patrimoine musical, littéraire, philosophique, cultuel de ces confréries multiséculaires témoigne pour une institution qui a joué un rôle clef dans l’avénement du Mali classique, au 13e siècle, et continue d’alimenter l’imaginaire et la pensée des sociétés actuelles de l’ancien Manden. J’ai essayé, dans ce passage au français, de respecter le plus possible les qualités littéraires de ce texte étonnant, qui dans une fin inattendue retourne de fond en comble les relations féminin/masculin. L’égalité entre les humains est en effet un des piliers de la pensée donso, dont le serment commence par ces mots : « Nin bèè nin, nin man fsa nin ye, nin man koro nin ye » (Toute vie est une vie, nulle vie ne l’emporte sur une autre vie, nulle vie n’a l’aînesse sur une autre vie).
Maintenant, toi qui m’écoute,
J’attire ton attention sur un seul sujet,
Marier beaucoup de femmes n’est pas une bonne nouvelle.
Je te sonde sur cette seule causerie.
Marier beaucoup de femmes, ce n’est pas juste.
Manden Mori le bon chasseur, à toi le long chemin !
Manden Mori vit le jour dans une cité du Manden.
Il grandit et il devint si beau que les enfants firent de lui leur chef.
Il grandit encore et il devint si fort que les jeunes gens firent de lui leur chef.
Dans la même cité lui naquit une cousine.
Elle grandit, elle devint femme et tellement femm
Que tous les jeunes gens la suivaient jusqu’au seuil de sa porte.
Ses fesses ?
Tu dirais une pâte de riz gras.
Ses fesses ?