En Centrafrique, les défis historiques devant lesquels se trouve placée l’Afrique post coloniale sont comme portés à incandescence. Par où saisir l’explosion qui secoue à nouveau ce pays ? Je m’y suis rendu deux fois dans les six derniers mois pour y faire du théâtre. Je ne sais pas si ce que j’en raconte ici peut être utile. Mais cette expérience fut tellement intense que je m’y risque.
Depuis mai dernier, les nouvelles de Bangui ne sont plus pour moi un chapitre désincarné dans la rubrique des violences absurdes qu’égraine la presse d’actualités, mais des visages, des amis, des projets, des menaces, des miracles aussi… Avec la fière équipe bamakoise de BlonBa, nous étions partis là-bas, à l’invitation de l’Alliance française, pour y faire du théâtre. Nous avons joué successivement à Km 5, quartier réputé musulman, zone de fracture, puis à Fatima, dans la cour d’une école catholique qui servait aussi de camp pour les déplacés, puis à Kolongo plage, ruine bucolique en surplomb de l’Oubangui qu’entoure une zone industrielle dévastée, puis devant l’église Saint-Paul et le squelette d’une basilique inachevée.
Km 5. Nous jouons à 15h. Déconseillé la nuit. Deux heures avant la représentation, un meurtre a eu lieu à quelques centaines de mètres. Lire la suite