LES TROIS ARGUMENTS DES PRO-DECHEANCE DE GAUCHE

Dans le débat sur l’extension de la déchéance de nationalité aux Français de naissance quand ils sont binationaux, les intervenants qui soutiennent la proposition présidentielle et se recommandent de la gauche développent trois arguments : le « vrai » peuple y est favorable ; la déchéance de nationalité existe déjà dans les textes ; les excès des anti-déchéance les discréditent.

5407213_1_545x460_autocrop

Pardon de l’écrire sans guillemet, mais le premier argument est populiste au sens le plus caractérisé du terme. Il consiste à délégitimer les adversaires de cette proposition en les présentant comme des intellectuels fumeux déconnectés du vrai peuple supposé acquis à la mesure. C’est une préoccupante démission devant la confusion sondagière qui empoisonne la vie démocratique depuis des décennies et qui devra bien un jour être mise à distance. Il n’est d’ailleurs pas du tout certain qu’un vrai débat, honnête et droit, aboutisse au résultat que les sondages photographient dans l’instant. Lors des élections régionales, les électeurs de chair et de conviction ont déjoué l’évidence des « chiffres ». Et je fais chaque jour l’expérience d’échanges d’arguments qui amènent les esprits à se comprendre et à bouger. Une chose est sûre en tout cas : ceux qui tiennent cette position sont très très déconnectés des trois millions et demi de Français de naissance qui possèdent une double nationalité et qui appartiennent souvent à la partie la plus populaire du peuple. Au point qu’on se demande comment ces analystes en contact direct avec le « vrai » peuple ont pu trouver dans le concret les filtres qui épurent la réalité au point de lui donner l’uniformité d’une statistique.
Le second argument porte sur le fait que la déchéance de nationalité est une disposition qui existe déjà dans les textes.

Lire la suite

DECHEANCE DE NATIONALITE : inutile, raciste, délétère

 

La déchéance de nationalité, rarissime, n’était jusque là possible que pour les binationaux naturalisés depuis moins de 10 ans, 15 ans « pour les crimes et délits constituant une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ». Même approuvée par une majorité de sondés, dont le souci de sécurité est compréhensible, l’élargissement à tous les bi-nationaux de cette disposition est une mesure raciste, sans utilité dans la lutte contre le terrorisme, une mesure délétère pour l’unité nationale si souhaitable dans ces circonstances.

decheance-nationalite-francaise-620x413

Cette proposition gouvernementale est bordée par des dispositions du droit international – la Déclaration universelle des droits de l’homme notamment –, qui interdisent de transformer quelqu’un en apatride. Elle ne s’appliquera donc qu’aux Français qui disposent d’une autre nationalité, situation que la mondialisation des relations humaines et les hasards de l’amour a rendue fréquente. Cette discrimination qui stigmatisera des centaines de milliers de citoyens nés Français rencontre l’imaginaire apeuré de ceux qui, comme le prêchent Nadine Morano ou Marion Maréchal-Le Pen, peinent à reconnaître comme de vrais Français ceux dont la couleur ou le patronyme signalent qu’ils ont des ascendances familiales au Sud de la Méditerranée. En clair, les Arabes et les Noirs. Ce sont eux qui sont visés, chacun le sait.

Durant l’occupation nazie, des hommes et des femmes, des Français, ont collaboré avec l’envahisseur et se sont fait complices de crimes quantitativement beaucoup plus meurtriers que les horreurs dont les suppôts de Daech ont récemment accablé Paris. Lire la suite